La définition de la ruralité exige de de s’inscrire, de plus en plus, dans la dialectique des rapports ville-campagne, avec des modifications récentes dans les perceptions, les pratiques et les modalités de gouvernance de ces espaces. Renforcer l’attractivité des territoires ruraux implique d’abord de les appréhender dans leur diversité. Cela passe aussi par un changement de regard sur les ruralités et leur place dans la dynamique de la France.
En 2014, les campagnes concernent près de 44 % de la population française, soit plus de 27 millions d’habitants, et 82 % des communes. Loin des idées reçues, cette ruralité doit être prise en compte pour elle-même et non plus se résumer à « ce qui reste autour » des espaces urbains. En profonde mutation, elle recouvre des situations et des trajectoires d’une grande diversité : campagnes périurbaines sous l’influence d’une grande ville, campagnes agricoles et industrielles en mutation ou bien encore campagnes « hyper-rurales » de très faible densité. Le pluriel s’impose : il n’y a plus une France rurale, mais des ruralités multiples.
Les territoires ruraux sont engagés dans une transformation en profondeur et nouvelles ruralités prennent leur essor. À la fois lieux de résidence, de loisirs et de production, leur population augmente et leurs activités se diversifient. Ces territoires recèlent des opportunités majeures pour relever les défis économiques et écologiques.
Le développement et l’avenir des territoires ruraux constituent un enjeu stratégique d’aménagement du territoire, tant la ruralité caractérise une part importante de la géographie, de l’histoire et finalement de l’identité de la France.
Les indicateurs statistiques utilisés pour rendre compte des espaces ruraux sont variés et ne font pas consensus à l’échelle internationale. Traditionnellement, l’espace rural est défini par des critères morphologiques : faible densité de population, discontinuité du bâti, présence d’activités agricoles. Cependant, la distinction entre urbains et ruraux est établie selon les critères de densité de population et de taux d’urbanisation. Ainsi, les Départements urbains sont ceux dont la densité de population est supérieure à 100 habitants/km² et le taux d’urbanisation (nombre de communes comprises dans une unité urbaine au sens de l’INSEE) est supérieur à 65% (source INSEE).
Les Départements ne répondant pas à ces deux conditions sont considérés alors comme non urbains. Selon cette distinction, 34 Départements sont considérés comme urbains et 61 comme ruraux.
Cependant, la ruralité est plus complexe puisque des Départements dits urbains peuvent inclure des espaces ruraux importants. La caractéristique majeure des territoires ruraux réside dans leur diversité et leur hétérogénéité. Ainsi l’INSEE distingue trois catégories de campagnes françaises, qui connaissent en conséquence des situations économiques très différentes :
- Les campagnes des villes et du littoral (26% de la population et 26 % du territoire) : influence forte et croissante des villes, arrivée de jeunes ménages et développement d’une dynamique économique tirée par le développement de l’économie résidentielle et suivant les cas par le tourisme.
- Les campagnes agricoles et industrielles (9% de la population 26% du territoire) : territoires peu denses, dont la dynamique démographique est fortement liée à celle des villes parfois éloignées et des dynamiques économiques parfois très contrastées. En général taux de chômage élevé et faible croissance des emplois.
- Les campagnes de très faible densité (8% de la population sur 42% du territoire) sont marquées par un long exode rural qui parfois s’inverse, mais elles connaissent un vieillissement et une paupérisation de la population. L’activité de ces territoires est dominée par les activités agricoles et agro-alimentaires, avec dans certaines zones notamment en montagne, une part importante de l’économie liée au tourisme. Dans ces territoires les revenus sont parmi les plus faibles et les problèmes d’accessibilité et de mobilité sont importants.
D’une manière générale, on observe depuis 1999 un retournement démographique : les territoires ruraux gagnent globalement de la population avec des taux de croissance supérieurs aux communes urbaines. Cette croissance se concentre essentiellement dans les territoires périurbains. C’est sans doute l’une des évolutions les plus marquantes de la ruralité, qui s’accompagne de l’arrivée de nouveaux habitants (jeunes retraités, jeunes actifs…) porteurs de nouveaux besoins, d’une nouvelle culture et qui induisent des recompositions sociologiques importantes.
Sources :
Ministère de la Cohésion des Territoires – 6 novembre 2014
Rapport « La ruralité, expression des dynamiques départementales innovantes » - 86e congrès des Départements de France – Futuroscope – 5/7 octobre 2016.